Des solutions ?
Même si les résidents du Mile-End se sont tous mobilisés en 2021 pour soutenir la librairie S.W. Welch, deux ans se sont écoulés depuis et Stephen Welch a décidé de prendre sa retraite, au moment où l’augmentation de loyer devait entrer en vigueur. Cette enseigne emblématique du quartier a définitivement fermé à la fin du mois de juillet 2023, après près de 40 ans d’activité. La vacance commerciale dans Le Plateau-Mont-Royal, est une préoccupation pour ces habitants et la consultation publique lancée en 2019 par la Commission sur le développement économique et urbain à permis d’identifier et proposer des solutions porteuses. Après l’analyse de l’ensemble des documents et des recommandations faites pendant ces concertations, voici une synthèse des propositions les plus fréquemment abordées face à l’augmentation du nombre des locaux vacants à Montréal :
- Création d’un registre des locaux commerciaux vacants obligatoire, incluant des informations tels que le type de commerce précédent, la superficie, le loyer mensuel, le prix demandé actuellement, et la raison de la vacance.
- Régulation des baux commerciaux en créant une entité comme une « Régie des locaux commerciaux ». Il s’agit d’adopter de nouveaux règlements municipaux pour contrebalancer la relation asymétrique entre locataires et propriétaires.
- Création de comités de suivi et de plans d’action pour lutter contre la vacance commerciale et pour améliorer la vitalité des artères commerciales.
- Soutien financier et fiscal comprenant une réduction des taxes foncières sur les immeubles non résidentiels, et des incitatifs pour les propriétaires à reporter cette réduction du fardeau fiscal sur les commerçants.
- Amélioration de la réglementation et de l’entretien en réalisant des changements dans la réglementation, notamment concernant l’occupation du domaine public, tout en veillant à ne pas entraîner de répercussions sur les prix des loyers. Il à également été recommandé d’améliorer l’entretien des immeubles occupés et inoccupés sur les artères commerciales.
- Collaboration avec les acteurs locaux et augmentation du nombre de SDC (Sociétés de développement commercial ) qui permettrait d’encourager la collaboration entre les élus des arrondissements, les groupes de citoyens, et les associations de commerçants pour élaborer des plans d’action et des solutions adaptées aux quartiers.
- Multiplier les mesures pour soutenir les commerces « patrimoniaux » ou indépendants, en incluant des programmes d’accès à l’acquisition d’immobilier commercial.
Une autre solution qui semble ne pas avoir été envisagée par la ville de Montréal et qui existe déjà dans d’autres villes du Canada comme à Vancouver est la taxation des locaux vacants. En comparaison, de nombreuses villes à travers le monde ont mis en place diverses solutions pour réduire le nombre de locaux commerciaux vacants dans leur centre-ville. La ville de Paris a mis en place des programmes de location temporaire de locaux commerciaux vacants dédiés aux entrepreneurs ou aux artistes. Elle a aussi renforcé la réglementation des baux commerciaux pour offrir plus de protection aux commerçants, notamment en limitant les augmentations excessives de loyer tout en facilitant la prolongation des baux commerciaux. Voici quelques autres exemples d’initiatives qui ont été adoptés avec succès dans différentes villes et sur différents continents :
New York City, États-Unis :
La ville de New York a lancé un programme de réduction des loyers pour les petits commerçants, offrant des subventions pour aider à réduire leurs coûts de location. Le re zonage de certains quartiers a permis de diversifier l’offre commerciale et de faciliter l’implantation de nouveaux commerces.
Londres, Royaume-Uni :
Le maire de Londres a mis en place un fonds de soutien aux petites entreprises qui offre des subventions pour aider les commerçants à payer leurs loyers.
San Francisco, États-Unis :
San Francisco a adopté des lois visant à faciliter la conversion de locaux commerciaux vacants en espaces résidentiels, ce qui contribue à la réduction de la vacance commerciale. Limitation de l’implantation de grande bannière commerciale au détriment des commerçants indépendants.
Melbourne, Australie :
La ville de Melbourne a créé un programme de « pop-up shops » qui permet aux entrepreneurs d’occuper temporairement des locaux commerciaux vacants à prix réduit.
Amsterdam, Pays-Bas :
La municipalité d’Amsterdam a introduit des incitations fiscales pour les propriétaires qui proposent des loyers réduits aux commerces locaux. Des projets de réaménagement des espaces publics et des rues piétonnes ont favorisé une meilleure expérience du magasinage.
Chicago, États-Unis :
Encadrement des baux commerciaux dans le centre-ville en adoptant une réglementation sévère qui comporte entre autres une taxe pour les locaux vacants.