Autrefois connu pour son industrie du vêtement au XIXe et XXe siècle, le quartier du Mile-End a vu sa production manufacturière décliner en raison de changements dans les réglementations du commerce international à la fin des années 1980. À cette époque, le quartier abritait une population ouvrière qui s’était installée dans la région avant et après la Seconde Guerre mondiale. Le quartier possédait une richesse culturelle, résultant de la présence de résidents grecs, portugais, juifs, roumains, polonais, allemands… ce qui a contribué à la réputation culturelle du quartier.

Le Mile-End a connu ensuite une gentrification qui s’est étendue sur plus de 25 ans. Lorsque les nombreuses usines de vêtements ont fermé dans les années 1990, les bâtiments industriels ont été reconvertis en espaces commerciaux et résidentiels. La faillite de l’industrie du vêtement a entraîné un désinvestissement économique massif, provoquant une baisse du prix de l’immobilier. Attirés par les nombreux espaces d’ateliers abordables, les artistes ont commencé à s’installer dans le quartier, contribuant à l’émergence du Mile-End en tant que pôle artistique et culturel.

Ces dernières années, des plans de réinvestissement économique ont été mis en place, incitant les entreprises technologiques telle qu’Ubisoft à s’installer dans le quartier. Cette nouvelle dynamique a entraîné une augmentation du nombre de commerces, des lieux de divertissements et des condos résidentiels. En quelques décennies, le Mile-End est passé d’un quartier ouvrier à un centre artistique et culturel international pour finalement devenir un hub technologique. Ces changements ont entraîné une hausse considérable des loyers et ont été dévastateurs pour la diversité culturelle en chassant les résidents de longue date.

La gentrification du Mile-End ne peut être dissocié de l’histoire de l’effondrement de l’industrie du vêtement et de l’essor de l’industrie technologique. Elle a également entraîné des changements dans la composition sociale du quartier. Depuis une dizaine d’années de nombreux commerces de proximité qui contribuent à la vie de quartier disparaissent peu à peu des grandes artères commerciales et sont laissés vacants. L’intervention artistique Locaux-vacants cherche à provoquer une réflexion sur cette problématique et le site Internet locaux-vacants.org tente d’identifier quelles en sont les causes.

Référence et image : https://coeurdelile.org/en